Région sauvage, la Sologne arbore une véritable mosaïque de paysages : forêts de bouleaux et de fougères, prairies humides et landes, nombreux étangs… Des écosystèmes variés regorgeant d’une flore et d’une faune diversifiées. Au sein de ce riche biotope, et en particulier au niveau des mares et des étangs, coexistent de petites bêtes peu familières, dont les caractéristiques de vie et l’anatomie, peuvent faire preuve de performances parfois étonnantes…

Les Notonectes

Il s’agit de petits insectes aquatiques que l’on voit assez régulièrement se déplacer sous la surface de l’eau. D’une morphologie aérodynamique avec des élytres en « V » (ailes antérieures cornées protégeant les ailes postérieures), elles disposent de longues pattes natatoires postérieures garnies de franges ciliées, leur permettant de nager très rapidement de façon saccadée et précise.

Une prédation sophistiquée

Elles chassent les invertébrés aquatiques tels que zooplancton, rotifères, petits crustacés, larves de moustiques, insectes aquatiques et même petits têtards et poissons… Ces petites bêtes vont également s’attaquer à certains insectes terrestres tombés à la surface de l’eau, tels qu’abeilles, diptères et fourmis.

Pourvues d’une trompe résistante correspondant à un appareil buccal piqueur-suceur, les notonectes sont capables de percer leur proie pour lui injecter une salive digestive, leur permettant de vider celle-ci de ses fluides internes, en la suçant… Elles se servent parfois de cette trompe pour se défendre et leur piqure peut être douloureuse, d’où leur surnom « d’abeille d’eau ».

Une vision en 3D

Les notonectes possèdent une excellente vision, ce qui a intéressé la recherche. En position d’attente, la notonecte dispose en effet de trois champs de vision distincts : l’un correspond à la zone se situant devant et au-dessous d’elle, la seconde, à la zone miroir de la surface de l’eau, et la troisième à cette zone où la surface est transparente. Des ommatidies ou structures visuelles unitaires composent les yeux, comme chez beaucoup d’insectes. Situées perpendiculairement à la surface de la cornée dans la région centrale, ces cellules penchent progressivement avec la courbure de l’œil. Ce qui leur permet de bien percevoir la lumière polarisée. De plus, 75% des axes optiques des ommatidies se trouvant dans l’espace visuel binoculaire de l’insecte, celui-ci voit probablement en trois dimensions.

Les Dytiques

Ils représentent une famille de coléoptères aquatiques regroupant dans le monde, près de 4000 espèces répertoriées.

Dytique ©Michel Terrien

Ces petites bêtes s’établissent dans les eaux stagnantes des mares et des étangs, dans les eaux courantes, mais aussi souterraines, et même dans de minuscules habitats aquatiques logés dans la fourche d’un arbre, dans le creux d’une feuille ou d’une corolle de fleur… Il s’agit de prédateurs dulcicoles, c’est-à-dire se nourrissant de larves et insectes aquatiques. Leur nom scientifique Dysticidae, signifie « qui aime plonger ».

Morphologie et stades larvaires

Insecte large et aplati dorso-ventralement, la tête du dytique est intégrée au thorax, et l’ensemble du corps plutôt d’allure bombée, forme un ovale. Les pattes arrière aplaties portent une frange de soies natatoires leur permettant de se déplacer rapidement dans l’eau.

Leur couleur varie du jaune au noir, avec ou sans motifs, et parfois avec des reflets métalliques. Dépourvus de branchies, leur respiration se fait par le biais d’un réseau de trachées, comme pour beaucoup d’insectes. Sinon, la plupart sont aptes au vol et parcourent de petites distances. Mais certains peuvent malgré tout couvrir plusieurs dizaines, voire une centaine de kilomètres !

Au printemps survient la période de reproduction des dytiques qui s’étend jusqu’à l’automne. Le stade larvaire se subdivise en 3 étapes, fonction de la température et de la disponibilité de la nourriture, s’étalant ainsi de quelques semaines à plusieurs mois…

Un… tigre d’eau 

Larve de dytique ©Jean-François Bousquet

C’est la larve de dytique que l’on surnomme ainsi, du fait de sa voracité et de son anatomie adaptée à cet appétit. Effectivement, la taille de cette larve peut dépasser celle de l’adulte. Et surtout, elle est dotée de grandes mandibules creusées d’un sillon servant à l’alimentation. Ces petites bêtes peuvent même s’adonner au cannibalisme, et dévorer d’autres larves de leur propre espèce. Elles peuvent aussi s’adapter à une alimentation détritivore (à base de restes organiques).

Les libellules

Leur particularité vient déjà de leur nom scientifique « odonates », composé du mot grec « odon » signifiant « dent », et du suffixe « ate », signifiant « pourvu de ». Les libellules sont effectivement pourvues de mandibules puissantes hérissée de dents pointues faisant de ces insectes élégants, de redoutables chasseurs !

Prouesses de vol…

Leurs caractéristiques de vol dépassent celles des autres insectes. En effet, leurs ailes antérieures et postérieures sont indépendantes, et aussi capables de torsions sur leur partie distale (moitié extérieure). Cela leur permet de faire du sur-place, mais aussi de voler en arrière ! Leurs performances ne s’arrêtent pas là, puisque leur pointe de vol peut atteindre les 35 km/heure, comparé au vol d’un frelon qui ne dépassera pas les 22km/h… Et leur vol ascensionnel est également plus puissant avec une vitesse atteignant les 1,5 m/s (soit 5,4 km/h), alors que celle des autres insectes volants ne dépasse pas les 0,4 m/s (soit 1,44 km/h).

Une reproduction acrobatique

Le mâle choisit d’abord le lieu de ponte, et s’ensuit un vol de parade à la suite duquel le mâle va agripper la femelle par le cou à l’aide de sa pince anale. Il va alors pouvoir transférer ses spermatozoïdes depuis l’arrière de son abdomen (9ème segment) jusqu’à un organe copulatoire secondaire situé dans son deuxième segment abdominal. Et c’est à cet endroit précis que la femelle applique alors l’extrémité de son propre abdomen, afin de s’inséminer elle-même. Le couple est ainsi disposé dans ce que les spécialistes appellent un « cœur copulatoire ». Une fois l’accouplement terminé, la femelle pourra se reposer ou pondre aussitôt. Les œufs vont être déposés et insérés dans des tissus vivants ou morts de végétaux aquatiques ou riverains.

Développement record des larves

Ces larves appelées « naïades » vivent dans l’eau à l’aide de branchies. En grandissant, ces petites bêtes peuvent effectuer entre 9 et 16 mues, suivant l’espèce. Et surtout, la durée de ce développement peut s’échelonner entre deux mois et cinq ans… Après ce laps de temps, intervient la dernière mue dite « imaginale », donnant naissance à un « imago » : une libellule encore immature, accrochée à sa peau larvaire elle-même fixée à un brin d’herbe. Une à quatre semaines plus tard, l’imago deviendra une véritable libellule, qui elle, ne vivra que de quelques semaines à quelques mois.

Les phryganes

Petits insectes de l’ordre des trichoptères (du Grec trikhos, « poils, cheveux », et pteron, « aile »), ils ressemblent aux papillons de nuit du fait de leurs ailes recouvertes d’un fin duvet de poils. Appelé aussi « cherfaix, traîne-bûche, caset, échevin, porte-bois, portefaix »… Les larves servent bien souvent d’appât aux pécheurs qui les connaissent.

Une morphologie peu commune

Entourée d’un fourreau qui lui sert à se protéger des prédateurs, la larve de phrygane utilise sa salive pour tisser cet habit de soie qu’elle va recouvrir ultérieurement de divers petits matériaux récoltés au fond de l’eau. Pour ce faire, elle utilise ses pièces buccales et ses pattes antérieures. Et à mesure qu’elle grandit, elle va élargir et allonger le devant de son costume tout en coupant et rejetant l’arrière de celui-ci, devenu trop étroit !

Ces petites bêtes se nourrissent principalement de matière végétale décomposée mais aussi d’algues se développant sur les rameaux aquatiques.

On les appelle aussi « manne » au Québec, parce que très abondante au début de l’été…

Les Tritons

Amphibiens urodèles (qui gardent leur queue à l’état adulte), on appelle « tritons » ces petits vertébrés qui munis de poumons, passent beaucoup de temps dans l’eau. Un détail qui les distingue des salamandres qui leur sont apparentées et uniquement terrestre, à l’âge adulte. Mais cette distinction souffre aujourd’hui de nombreuses exceptions. Elle reste utile en Europe pour nommer un groupe, au sein des Salamandridae. Enfin, la dénomination de « triton » faisait référence autrefois à Triton, dieu de la mythologie grecque mi-homme, mi-poisson.

Deux phases de vie

Ces petites bêtes partagent leur existence dans une phase aquatique plus ou moins longue au cours de laquelle ils vont s’accoupler et pondre des œufs, suivie d’une phase terrestre. Les larves elles, se développent dans l’eau jusqu’à leur métamorphose. À noter le fort dimorphisme sexuel, notamment en phase aquatique où le mâle se pare de belles couleurs nuptiales.

Pour en savoir plus sur ces petites bêtes qui peuplent les eaux douces, l’Office de Tourisme, en partenariat avec le Site de la Maison de l’Eau, vous propose deux sorties nature « Les petites bêtes de la Sauldre » en juillet et en août de 14h30 à 17h à Ménétréol-sur-Sauldre.

Infos et réservations auprès de l’Office de Tourisme au 02 48 58 40 20, par mail accueil.tourisme@sauldre-sologne.fr ou en ligne en cliquant ici !