Ouvrez grand vos mirettes, voilà que passent les birettes !

Au cœur de la France, le Berry a longtemps eu la réputation d’être une terre de sorcières. Dans cette région de marais brumeux et de forêts obscures, les anciens racontent encore des histoires de mauvais sorts, de mangeuses de chats et autres chouettes clouées sur les portes. Ces légendes furent certainement nourries par des affaires bien réelles.

Au XIXème siècle, les paysans commencent à quitter les campagnes et à migrer vers la ville. Les villages du Berry, se retrouvant désertés, appauvris et sans service médical, se sont mis peu à peu à pratiquer « la médecine du pauvre ». Les communautés villageoises étaient bien obligées de se prendre en charge et de se débrouiller seules. Dans chaque village, il y avait un guérisseur ou un rebouteux ; et dans de nombreuses familles, il n’était pas rare qu’un parent sache « barrer » un certain type de mal : problèmes de peau, brûlures, piqûres en tout genre…

En décrivant cette campagne sombre et mystérieuse, George Sand a fortement contribué à populariser l’image des sorcières du Berry au XIXème siècle. Dans son roman La Mare au diable, elle raconte avec réalisme les superstitions des gens de la région, abreuvés d’histoires de sorciers. Claude Seignolle, comme d’autres écrivains, a largement puisé dans les histoires et légendes de sorcières de son Berry natal pour l’écriture de ses romans.

Ces birettes comme on les appelle dans le Berry sont devenues avec le temps un folklore régional et un véritable patrimoine culturel.

La nuit des sorciers

La Nuit des sorciers trouve son origine dans d’anciennes croyances, mais aussi dans des faits bien réels… Bué est une terre de « birettes », êtres fantastiques du folklore sancerrois, de sorciers. Et ce ne sont pas là que légendes. À la fin du XVIe siècle, alors que les guerres de religion troublaient la contrée, s’est tenu à Sens-Beaujeu un procès en sorcellerie resté célèbre, celui du Carroi de Marlou – en français d’aujourd’hui, le « carrefour du mauvais loup ». Cet endroit, près du village de Bué, aurait été le théâtre d‘un sabbat.

À l’issue du procès, cinq hommes qui, selon les accusations d’un garçon de douze ans, auraient participé à cette réunion de sorciers, ont été exécutés, sur le lieu même des faits dont ils furent jugés coupables. Accusée de même, une femme s’étrangla alors qu’elle était emprisonnée. L’histoire a inspiré l’abbé Joseph Barreau et le conteur Jean-Louis Boncœur, qui créèrent, en 1946, la première « Fête des Birettes », Foire aux sorciers, afin de récolter des fonds pour réparer l’église. Des décennies plus tard, la tradition se perpétue. Et se tient toujours à l’endroit que l’on nomme à présent le Creux de Marloup, chaque année le 1er samedi d’août.

Film d’archive

Le soir, le drame de 1582 est joué par des acteurs amateurs sous la houlette de Jean-Louis Boncœur : une partie des buétons sont déguisés en paysans, d’autres sont déguisés en sorciers et birettes. Ils sont accusés de tous les maux et notamment de causer les maladies de la vigne et des chèvres !